Hier ont eu lieu les consultations officielles des deux organes consultatifs institutionnels de l’OCDE, le TUAC et les Entreprises à l’OCDE, sur la prochaine réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des ministres (MCM). La MCM se tient habituellement fin mai, début juin… Compte tenu des circonstances exceptionnelles créées par la pandémie, la réunion du Conseil ministériel se tient cette année en deux parties(la première en mai, la seconde les 5 et 6 octobre).
Elle est présidée par les États-Unis et vice-présidée par la République de Corée et le Luxembourg.
Pour le TUAC, ces consultations constituent la première réunion de ce type après le décès de Richard Trumka, président du TUAC et de l’AFL-CIO.
Comme l’a souligné Marc Leemans, vice-président du TUAC et président de l’ACV-CSC (Belgique), sa voix forte et son leadership ont été ressentis et nous manqueront.
De nombreux intervenants se sont joints à lui pour rendre hommage à l’héritage et au leadership de Trumka dans la lutte contre les inégalités et pour les démocraties au niveau national et au sein de l’OCDE.
La réunion s’est déroulée sous le thème MCM « Valeurs partagées : Construire un avenir vert et inclusif » coïncide également avec le 60e anniversaire de l’OCDE et a déclenché d’importantes discussions sur ce qu’elle représente et ce qu’elle devrait accomplir à l’avenir.
Cette consultation était la première avec le nouveau secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann.
Outre les délégations respectives du TUAC et du BIAC, plusieurs fonctionnaires de l’administration américaine ainsi que des ambassadeurs auprès de l’OCDE ont participé à ces consultations.
Le nouveau SG de l’OCDE a notamment reconnu les lacunes en matière de protection sociale auxquelles sont confrontés les travailleurs atypiques et informels.
Dans son discours d’ouverture, Jose W. Fernandez, sous-secrétaire à la croissance économique, à l’environnement et à l’énergie du département d’État américain, a souligné l’importance d’un programme de relance centré sur les travailleurs et de l’aboutissement des négociations fiscales multilatérales.
La délégation du TUAC a soumis des questions clés à l’examen du président de la CMM, des membres de l’OCDE et du Secrétariat présents :
- Marc Leemans a appelé l’OCDE à prendre position sur la justice redistributive et à s’engager à concevoir des modèles de croissance qui prévoient une répartition équitable des risques et des récompenses au sein de la société.
Il a insisté pour que l’on se tienne à l’écart d’une approche de jeu à somme nulle et d’une logique du « ou bien, ou bien » qui opposerait la mobilité sociale à la justice sociale, la croissance à la fiscalité, la concurrence au protectionnisme et la quantité d’emplois à la qualité de l’emploi.
Le TUAC attendrait plutôt un cadre politique global qui combine les objectifs de croissance et de solidarité. - Liz Shuler, la nouvelle présidente de l’AFL-CIO (États-Unis), a présenté un programme commercial centré sur les travailleurs comme une priorité majeure de la relance.
Le récent accord de libre-échange USMCA, utilisé pour protéger la liberté d’association et les droits de négociation collective au Mexique, est un exemple efficace de cette approche. - En abordant la question de la reprise de l’emploi, Naoto Ohmi, vice-président du TUAC et vice-président exécutif de la JTUC RENGO (Japon) a insisté sur le maintien des mesures de soutien pour sortir de la crise tant que les secteurs et les travailleurs sont en difficulté, tout en s’appuyant sur des mesures de relance budgétaire, des politiques actives du marché du travail et la négociation collective pour la reprise.
Ces mesures doivent être prises dans le but de mettre fin à la polarisation, à la discrimination et à l’inégalité, y compris l’injustice raciale. - Remplaçant son président Yang Kyeung-soo, Taeg Gun Youn, vice-président de la KCTU (République de Corée) , a déploré son arrestation sur fond de préoccupations concernant la liberté d’association et de réunion.
Il a également souligné le rôle important des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales dans le renforcement de la responsabilité des entreprises en matière de respect des droits de l’homme et des normes de durabilité au niveau mondial.
Toutefois, pour ce faire, une amélioration du fonctionnement de la plupart des points de contact nationaux (PCN) serait nécessaire, ainsi qu’un renforcement des dispositions relatives aux relations industrielles dans les principes directeurs. - Susanna Gideonsson, présidente de la Confédération suédoise des syndicats LO, a évoqué les principaux piliers d’une transformation numérique équitable : (1) une dimension du lieu de travail dans la réglementation qui va au-delà des principes ; (2) une action décisive contre les « institutions numériques d’importance systémique » pour limiter le pouvoir du marché ; (3) la présomption d’emploi dans l’économie de plateforme, comme l’a confirmé le G20.
M. Gideonsson a également exprimé son soutien à une issue positive des négociations en cours sur la réforme de l’impôt sur les sociétés au niveau mondial dans le contexte de la numérisation.
La priorité devrait être un accord solide et ambitieux sur un plancher d’imposition mondial minimum au titre du « deuxième pilier ».
En outre, les politiques nationales doivent envisager des systèmes fiscaux plus redistributifs. - Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, a appelé à une action urgente contre le changement climatique.
Elle a évoqué le cas d’une ville entière (Lyyton, en Colombie-Britannique) qui a été complètement décimée par un incendie de forêt.
Des centaines de personnes ont été déplacées, presque sans avertissement.
Les membres de l’OCDE doivent s’engager à atteindre un niveau d’émissions nettes nulles au plus tard en 2050 et à réduire de moitié leurs émissions collectives d’ici à 2030.
Ils doivent le faire dans l’optique d’une transition juste, afin que le public soutienne les réformes et les transformations à grande échelle nécessaires pour éviter les pires scénarios en matière de changement climatique. - Nora Back, Présidente de l’OGBL (Luxembourg) a ensuite présenté les priorités établies par le Réseau des Jeunes du TUAC aux décideurs politiques de l’OCDE.
Parmi celles-ci, la nécessité d’une révision radicale des coûts de l’éducation et de la formation, des politiques du marché du travail qui conduisent à une plus grande précarité, et des systèmes de soutien qui ne couvrent pas les coûts de la vie des jeunes, ni ne les aident à faire la transition vers des emplois de haute qualité.
Bien entendu, le Réseau Jeunesse met particulièrement l’accent sur la nécessité de renforcer le dialogue social et les négociations collectives pour permettre une plus grande équité et une plus grande voix pour les jeunes travailleurs.
En outre, elle a exprimé son soutien à l’accord OCDE/G20 sur la fiscalité et la numérisation et s’est félicitée de l’adhésion du Luxembourg à cet accord.
En conclusion, Pierre Habbard, Secrétaire général du TUAC, a souligné l’importance pour l’OCDE de continuer à travailler sur les inégalités et d’intégrer les questions de travail au cœur des politiques de l’environnement, du numérique et du commerce.
Il a également demandé que la prochaine réunion ministérielle sur le commerce et l’investissement débouche sur des résultats audacieux et que les discussions de la réunion ministérielle sur les « valeurs partagées » soient fermement ancrées dans les principes de la démocratie et de l’État de droit.
Consultations ministérielles avec le TUAC et le BIAC
Hier ont eu lieu les consultations officielles des deux organes consultatifs institutionnels de l’OCDE, le TUAC et le BIAC, sur la prochaine réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des ministres (RCM).
La RCM se tient habituellement fin mai, début juin.
Etant donné les circonstances exceptionnelles créées par le pandemie, cette année la RCM se tiendra en deux parties(la première en mai, la seconde les 5 et 6 octobre).
Elle est présidée par les Etats-Unis avec la République de Corée et le Luxembourg comme vice-présidences.
Pour le TUAC, ces consultations constituent la première de ces réunions après le décès de Richard Trumka, président du TUAC et de l’AFL-CIO.
Comme l’a souligné Marc Leemans, vice-président du TUAC et président de l’ACV-CSC (Belgique), sa présence et son leadership nous manquent à tous.
De nombreux intervenants orateurs ont rendu hommage à l’héritage de Trumka et à son leadership dans la lutte contre les inégalités et pour les démocraties dans son pays et à l’OCDE.
La réunion sous le thème de la RCM » Valeurs partagées : Construire un avenir vert et inclusif » coïncide également avec le 60e anniversaire de l’OCDE, une occasion pour discuter de ce que représente l’OCDE et ce qu’elle devrait réaliser à l’avenir.
Cette consultation était la première avec le nouveau Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann.
Outre les délégations respectives du TUAC et du BIAC, plusieurs représentants de l’administration américaine ainsi que des ambassadeurs auprès de l’OCDE ont assisté aux consultations.
Le nouveau SG de l’OCDE a notamment reconnu les lacunes en matière de protection sociale auxquelles sont confrontés les travailleurs atypiques et informels.
Dans son discours d’ouverture, Jose W. Fernandez, Sous-secrétaire à la croissance économique, à l’environnement et à l’énergie du Département d’État américain, a souligné l’importance d’un programme de relance centré sur les travailleurs et de l’aboutissement des négociations fiscales multilatérales.
La délégation du TUAC a mis sur la table des questions clés :
- Marc Leemans a appelé l’OCDE à prendre position sur la justice redistributive et à s’engager à concevoir des modèles de croissance qui prévoient une répartition équitable des risques et des récompenses au sein de la société.
Il a insisté pour que l’on s’éloigne de l’approche du » jeu à somme nulle » et de la logique du » soit l’un, soit l’autre » qui opposerait la mobilité sociale à la justice sociale, la croissance à la fiscalité, la concurrence à la protection et la quantité d’emplois à la qualité des emplois.
Bien au contraire, le TUAC attend un cadre politique global qui combine les objectifs de croissance et de solidarité. - Liz Shuler, nouvellement nommée présidente de l’AFL-CIO (États-Unis), a abordé la question commerce international centré sur les travailleurs comme une priorité majeure de la relance à venir.
Le récent accord de libre-échange Nord-américain USMCA peut aider à protéger la liberté d’association et les droits de négociation collective, un exemple à suivre. - En ce qui concerne la relance de l’emploi, Naoto Ohmi, vice-président du TUAC et vice-président exécutif de la JTUC RENGO (Japon) a insisté sur le maintien des mesures de soutien pour sortir de la crise tant que les secteurs et les travailleurs sont en difficulté, tout en s’appuyant sur la relance budgétaire, les politiques actives du marché du travail et la négociation collective.
Cette démarche doit être poursuivie dans le but de mettre fin à la polarisation, à la discrimination et aux inégalités – y compris les discriminations raciales. - Remplaçant son président Yang Kyeung-soo, Taeg Gun Youn, vice-président de la KCTU (République de Corée), a déploré son arrestation dans un contexte d’inquiétude pour la liberté d’association et de réunion.
Il a également souligné le rôle important des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales dans le renforcement de la responsabilité des entreprises en matière de respect des droits de l’homme et des normes de durabilité au niveau mondial.
Toutefois, pour cela, une amélioration du fonctionnement de la plupart des Points de contact nationaux (PCN) serait nécessaire, ainsi qu’un renforcement des dispositions relatives aux relations industrielles dans les Principes directeurs. - Susanna Gideonsson, présidente de la Confédération syndicale suédoise LO, a évoqué les principaux piliers d’une transformation numérique équitable : (1) une approche centrée sur lieu de travail pour une réglementation qui va au-delà des intentions de principe ; (2) une action décisive contre les » institutions numériques d’importance systémique » pour limiter le pouvoir du marché ; (3) la présomption d’emploi dans l’économie des plateformes, confirmée par le G20.
M. Gideonsson a également exprimé son soutien à une issue positive des négociations en cours sur la réforme de la fiscalité internationale dans le contexte de la numérisation.
La priorité devrait être un accord solide et ambitieux sur un plancher d’imposition minimal mondial relevant du » deuxième pilier « .
En outre, les politiques nationales doivent envisager des systèmes fiscaux plus redistributifs. - Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, a appelé à une action urgente sur le changement climatique.
Elle a fait référence au cas d’une ville entière (Lyyton, Colombie-Britannique) qui a été complètement décimée par un incendie de forêt.
Des centaines de personnes ont été déplacées, presque sans avertissement.
Les membres de l’OCDE doivent s’engager à atteindre des émissions nettes nulles au plus tard en 2050 et à réduire de moitié leurs émissions collectives d’ici 2030.
Ils doivent le faire dans l’optique d’une transition juste afin de s’assurer que le public soutient les réformes et les transformations à grande échelle nécessaires pour éviter les pires scénarios en matière de changement climatique. - Nora Back, présidente de l’OGBL (Luxembourg) a ensuite présenté les priorités établies par le réseau jeunesse du TUAC aux décideurs de l’OCDE.
Parmi celles-ci, la nécessité d’une révision radicale des coûts de l’éducation et de la formation, des politiques du marché du travail conduisant à une plus grande précarité, et des systèmes d’aide ne couvrant pas le coût de la vie des jeunes, ni ne les aidant à passer à des emplois de qualité.
Bien entendu, le Réseau des Jeunes met particulièrement l’accent sur la nécessité de renforcer le dialogue social et les négociations collectives pour permettre une plus grande équité et une plus grande voix des jeunes travailleurs.
Par ailleurs, elle a fait part de son soutien à l’accord du G20/OCDE sur la fiscalité et le numérique et s’est félicitée de l’adhésion du Luxembourg à cet accord.
En conclusion, Pierre Habbard, Secrétaire général du TUAC, a souligné l’importance pour l’OCDE de continuer à travailler sur les inégalités et de placer les questions d’emploi au cœur des politiques environnementales, numériques et commerciales.
Il a en outre appelé à des initiatives ambitieuses sur les échanges et l’investissement lors de la prochaine RCM et à des discussions sur les » valeurs communes » qui sont fermement ancrées dans les principes de la démocratie et de l’État de droit.