- Monsieur le Secrétaire général et Messieurs les Ministres, je suis Richard Trumka, Président du TUAC et, dans mon pays, Président de l’AFL-CIO, le mouvement syndical américain.
Le TUAC remercie l’OCDE pour ce moment de réflexion sur les Perspectives économiques. - Les Perspectives économiques de l’OCDE qui viennent d’être publiées donnent à réfléchir.
Une baisse de 7,1 % du PIB mondial, de 9,1 % dans les pays de l’OCDE et de 12,9 % dans la zone euro en 2020 devrait retenir l’attention de tous.
Il ne s’agit pas seulement de chiffres, la baisse du PIB signifie une baisse de l’emploi et des revenus.
Ces chiffres sont la somme des marqueurs de la vie et de l’expérience des gens.
Ils signifient des rêves anéantis, des investissements retardés dans leurs compétences ou dans l’éducation de leurs enfants et une pauvreté écrasante pour un trop grand nombre de personnes. - Et, comme nous l’avons douloureusement appris avec la crise financière, cela peut signifier une crise politique de la démocratie ou une nouvelle naissance de la solidarité, en fonction de la manière dont les gouvernements démocratiques réagissent.
- Heureusement, jusqu’à présent, les nations ont réagi en adoptant des politiques monétaires et fiscales sans précédent pour répondre à des besoins évidents.
Jusqu’à présent, la plupart des pays de l’OCDE ont donné la priorité aux personnes, à la fois pour lutter contre la maladie et contre la crise économique qu’elle a provoquée.
Dans des pays comme le Danemark, l’Allemagne et le Royaume-Uni, des mesures globales et agressives de soutien à l’emploi ont permis, avec l’implication et le soutien des mouvements syndicaux nationaux, de contenir le chômage face à une contraction économique sans précédent. - Même aux États-Unis, où nous avons laissé le chômage grimper en flèche, des estimations prudentes indiquent que près de 8 000 milliards de dollars ont été économisés grâce à nos efforts pour contenir le virus COVID.
- Il est évident que la lutte contre le coronavirus se poursuit et que les travailleurs en subissent les conséquences les plus graves : personnel hospitalier, personnel de l’industrie alimentaire, personnel des services d’urgence.
- Espérons donc que le principe de l’humain d’abord puisse perdurer.
Ne perdons pas cette occasion de revenir à un monde de banquiers d’abord, de centres financiers d’abord, de profits d’abord. - Nous devons rester fidèles à l’esprit qui a présidé à la création de l’OCDE, à savoir l’idée que seule une économie qui préserve les personnes est durable, car cette économie favorisera la démocratie qui protégera l’économie.
- Ainsi, si nous gardons cet esprit ensemble, nous n’émergerons pas vers l’austérité et nous n’oublierons pas les leçons tirées de la Grande Récession qui s’est produite il y a à peine 10 ans.
Nous sommes arrivés en 2020 avec un monde en proie aux inégalités et des travailleurs du monde entier menant des vies précaires : des gains salariaux trop faibles pour récupérer leurs économies perdues, des gouvernements trop faibles pour garantir aux gens leur dignité et des jeunes travailleurs frustrés de ne pas voir de voies vers des vies stables.
Je suis heureux que les Perspectives de l’OCDE attirent l’attention sur la situation critique du travail atypique.
Mais les réformes structurelles du marché du travail ont poussé davantage de travailleurs dans cette voie qui a été présentée comme un moyen peu coûteux de stimuler la croissance à une époque d’austérité.
Les risques de ces politiques sont maintenant payés par ces travailleurs qui sont passés à travers les mailles du filet – des travailleurs qui, même dans les économies les plus riches du monde, font face à la pandémie sans assurance chômage, sans soins de santé, sans congés de maladie payés. - Nous avons besoin d’un accord mondial, semblable à la vision du monde que l’OCDE a incarnée au sortir de la Seconde Guerre mondiale et de notre dernier grand défi à l’humanité : nous avons besoin d’une coopération mondiale qui permette aux gouvernements de répondre aux besoins de leurs populations.
- Voici ce que nous proposons :
- protéger les travailleurs, y compris ceux qui sont en première ligne, par des mesures de sécurité et de soutien maximales, en impliquant les syndicats et le dialogue social pour établir des protocoles et des fondements juridiques, en commençant par des aides salariales pour les travailleurs immobilisés par la pandémie et des congés de maladie payés obligatoires pour tous les travailleurs menacés par la pandémie ;
- Soutenir les pays en développement et éviter l’aggravation de la pauvreté par l’allégement et la suspension de la dette, l’émission de droits de tirage spéciaux, la création d’un fonds mondial de protection sociale et l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) ;
- Lier les mesures de soutien fiscal à la protection de l’emploi, à des salaires équitables (établis par la négociation), à la représentation des travailleurs sur le lieu de travail, à la transition vers des économies à faible émission de carbone, aux objectifs de développement durable et à des normes strictes en matière de gouvernance d’entreprise et de fiscalité qui visent à une reprise durable ;
- Maintenir et étendre les mesures visant à préserver l’emploi existant et les régimes de compensation des salaires/revenus, fournir un remplacement adéquat des revenus et étendre les droits aux congés de maladie et aux congés payés à tous les travailleurs, étudiants et apprentis, quel que soit leur statut d’emploi dans l’économie formelle et informelle, par le biais d’une couverture universelle.
- Nous pouvons saisir l’importance de ce moment historique pour faire quelque chose de bien à partir de quelque chose de mauvais.
Nous avons le choix.
Choisissons avec sagesse.
Remarques de Richard Trumka_Table ronde du Conseil ministériel de l’OCDE sur les voies de la reprise et les politiques macroéconomiques
Monsieur le Secrétaire général et Messieurs les Ministres, je suis Richard Trumka, Président du TUAC et, dans mon pays, Président de l’AFL-CIO, le mouvement syndical américain. Le TUAC remercie l’OCDE pour ce moment de réflexion sur les Perspectives économiques. Les ...