(Version française ci-dessous)
Le dernier rapport intérimaire des Rapport intérimaire sur les Perspectives économiques de l’OCDEprésenté le 21 septembre 2021, contient des prévisions de PIB révisées par rapport aux Perspectives économiques de mai dernier, s’en tenant dans l’ensemble au scénario macroéconomique décrit dans les éditions précédentes. Parmi les économies développées, le Canada et les États-Unis marquent la principale révision à la baisse depuis les prévisions de mai (-0,7 % et -0,9 %, respectivement, pour une croissance attendue du PIB de 5,4 % et 6 % en 2021). Les retards dans les vaccinations et l’impact de la variante Delta sont les principaux facteurs en jeu. À l’inverse, la zone euro fait l’objet d’une importante révision à la hausse (+1 %, à 5,3 % de croissance du PIB en 2021), notamment en Italie (révision de +1,4 %, à 5,9 %), en Espagne (+0,9 %, à 6,8 %) et en France (+0,5 %, à 6,3 %). Comme nous l’avons dit, l’image de base reste, malgré les ajustements, sans nuance :
- L’économie continue de se redresser après une année 2020 sinistre, notamment grâce aux interventions fiscales et monétaires opportunes mises en place par les gouvernements et les banques centrales dès le début de la crise COVID-19.
- Bien que le PIB mondial ait maintenant complètement retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie, il reste considérablement inférieur aux prévisions d’avant la pandémie.
Cela implique un manque à gagner réel de 4,5 billions d’USD (en PPA de 2015), le risque d’un impact négatif à long terme sur l’emploi et des pertes de revenus permanentes. - Le rythme de la reprise pour chaque pays est lié à sa capacité à déployer rapidement une campagne de vaccination efficace, limitant la propagation du virus et l’apparition de nouvelles mutations.
La conséquence immédiate est un écart croissant entre les économies développées et émergentes, ces dernières ayant du mal à accéder à des doses suffisantes de vaccin, ce qui exacerbe encore les inégalités entre les pays. - En ce qui concerne les marchés du travail, l’OCDE constate que les pays dotés de solides systèmes d’aide à l’emploi, comme l’Europe, ont préservé les niveaux d’emploi d’avant la crise, au prix d’une baisse de la production, alors qu’aux États-Unis, qui ont retrouvé les niveaux de production d’avant la pandémie, l’emploi reste inférieur à ce qu’il était avant la crise.
- Les perspectives économiques intermédiaires soulignent également l’absence d’augmentation généralisée des salaires, à l’exception toutefois de certains pays et de secteurs à forte intensité de contacts qui sont en train de rouvrir leurs portes.
C’est le cas de l’hôtellerie et des loisirs aux États-Unis, où l’on observe des pénuries de main-d’œuvre et des augmentations de salaires.
Selon l’OCDE, cette situation est également le résultat de licenciements plus durables aux États-Unis qu’en Europe, ce qui pourrait entraîner des frictions à court terme jusqu’à ce que l’offre et la demande de main-d’œuvre se rééquilibrent complètement. - En ce qui concerne la reprise, la seule recommandation que le rapport intermédiaire mentionne à propos des marchés du travail est l’intensification des politiques actives du marché du travail, afin d’anticiper les restructurations sectorielles nécessaires et les délocalisations d’emplois qui se produiront en conséquence de la pandémie et du retrait des mesures de soutien non ciblées déployées au cours de l’année et demie écoulée.
- Une autre conséquence de la difficulté à contenir le virus au niveau mondial est la prolongation des pressions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et les perturbations du commerce, qui, avec la demande croissante de biens et de services dans les pays qui excitent la crise, augmentent les pénuries et font monter les prix.
Toutefois, l’OCDE considère que les augmentations actuelles de l’inflation sont de nature temporaire, notamment en raison de l’absence générale d’augmentation des salaires mentionnée plus haut. - En définitive, la principale recommandation de l’OCDE est de maintenir un soutien budgétaire important tant que l’incertitude liée à l’évolution de la pandémie reste élevée et que les marchés du travail ne se sont pas rétablis.
- À moyen terme, l’OCDE encourage les gouvernements à réorienter les dépenses publiques vers des mesures favorisant la croissance, telles que l’investissement public, plutôt que de les réduire dans un contexte de taux d’intérêt faibles ou inférieurs à zéro, ce qui diminue le coût du service de la dette.
- En ce qui concerne la politique monétaire, conformément à l’appel en faveur d’un soutien budgétaire prolongé et d’une prévision de pic d’inflation limité dans le temps, l’OCDE conseille de la maintenir accommodante, tout en envoyant des messages clairs sur la stratégie de politique monétaire à moyen terme et sur les plans de normalisation.
Alors que les pressions inflationnistes pourraient n’être que temporaires, il convient de noter qu’une hausse prolongée des anticipations d’inflation ne serait pas nécessairement une mauvaise nouvelle, mais contrasterait les tendances à long terme qui exercent une pression à la baisse sur les prix depuis des années, notamment le vieillissement de la population, le ralentissement des indicateurs démographiques dans les pays développés, l’automatisation et la croissance des sans-emploi. Depuis des années, les banques centrales peinent à atteindre leurs objectifs en matière d’inflation, tout en menant des politiques monétaires accommodantes pendant une bonne partie des cinq à dix dernières années. Bien que l’OCDE note que l’inadéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre exerce une certaine pression sur les salaires dans certains secteurs de l’économie américaine, le risque à moyen terme, de l’avis du TUAC, est tout à fait contraire pour la plupart des pays. Une fois que les programmes de maintien de l’emploi auront été supprimés, il est possible que le chômage, qui suit généralement les ralentissements économiques importants avec un décalage de deux à trois ans, augmente considérablement. Ceci, à son tour, maintiendrait certainement les niveaux de salaires en stagnation, voire en baisse, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés, avec des conséquences négatives supplémentaires sur l’inégalité des revenus. Par conséquent, tout plan de relance structurelle devrait également impliquer un renforcement des institutions du marché du travail, en inversant la tendance à une flexibilisation accrue du marché du travail et en renforçant les mécanismes de négociation collective, le dialogue social et le rôle des syndicats. Cela est important tant au niveau microéconomique, afin de réduire les inégalités salariales, qu’au niveau macroéconomique, pour stimuler la demande globale, mais aussi pour relever les défis à long terme et pourtant imminents, tels que le changement climatique, grâce à des politiques efficaces de transition juste.
Perspectives économiques de l’OCDE, rapport intermédiaire : « Maintenir la reprise sur la bonne voie », mais n’oublions pas de faire participer les travailleurs
Le dernier rapport intermédiaire des Perspectives économiques de l’OCDE, présenté le 21 septembre 2021, révise les prévisions de PIB par rapport aux Perspectives économiques de mai dernier, en restant globalement fidèle au scénario macroéconomique décrit dans les éditions précédentes. Parmi les économies développées, le Canada et les États-Unis marquent la principale dégradation depuis les prévisions de mai (respectivement -0,7 % et -0,9 %, à 5,4 % et 6 % de croissance du PIB attendue en 2021). Les retards dans les vaccinations et l’impact de la variante Delta sont les principaux facteurs en jeu. À l’inverse, la zone euro connaît une importante révision à la hausse (+1 %, à 5,3 % de croissance du PIB en 2021), notamment grâce à l’Italie (révision de +1,4 %, à 5,9 %), l’Espagne (+0,9 %, à 6,8 %) et la France (+0,5 %, à 6,3 %). Dans l’ensemble, et malgré des ajustements, les perspectives restent inchangée :
- L’économie continue de se redresser après une sombre année 2020, notamment grâce aux interventions fiscales et monétaires mises en place par les gouvernements et les banques centrales dès le début de la crise du COVID-19.
- Si le PIB mondial a désormais pleinement retrouvé son niveau d’avant la pandémie, il reste considérablement inférieur aux prévisions d’alors.
Cela implique un manque à gagner réel de 4 500 milliards USD (en PPA de 2015), le risque d’un impact négatif à long terme sur l’emploi et des pertes de revenus permanentes. - Le rythme de la reprise pour chaque pays est lié à sa capacité à déployer rapidement une campagne de vaccination efficace, limitant la propagation du virus et l’apparition de nouvelles mutations.
La conséquence immédiate est un écart croissant entre les économies développées et les économies émergentes, ces dernières peinant à accéder à un nombre suffisant de doses de vaccin, ce qui exacerbe encore les inégalités entre les pays. - En ce qui concerne les marchés du travail, l’OCDE constate que les pays dotés de solides dispositifs d’aide à l’emploi, comme en Europe, ont préservé les niveaux d’emploi d’avant la crise, au prix d’une baisse de la production, alors qu’aux États-Unis, qui ont retrouvé les niveaux de production d’avant la pandémie, l’emploi reste plus faible qu’auparavant.
- Les Perspectives économiques intermédiaires soulignent également l’absence d’augmentation généralisée des salaires, à l’exception toutefois de certains pays et de certains secteurs à forte intensité de contacts qui rouvrent leurs portes.
C’est le cas de l’hôtellerie et des loisirs aux États-Unis, où l’on assiste à une pénurie de main-d’œuvre et à des augmentations de salaires.
Selon l’OCDE, cette situation est également le résultat de licenciements plus durables aux États-Unis qu’en Europe, ce qui pourrait provoquer des frictions à court terme jusqu’à ce que l’offre et la demande de main-d’œuvre se recouvrent complètement. - Dans le cadre de la reprise,la seule recommandation que le rapport intermédiaire mentionne en ce qui concerne les marchés du travail est le renforcement des politiques actives du marché du travail, afin d’anticiper les restructurations sectorielles et les délocalisations nécessaires qui se produiront à la suite de la pandémie et du retrait des mesures de soutien non ciblées déployées au cours des 18 derniers mois.
- Une autre conséquence de la difficulté à contenir le virus à l’échelle mondiale est la prolongation des pressions exercées sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et des perturbations commerciales, ce qui, conjugué à l’augmentation de la demande de biens et de services dans les pays qui connaissent la crise, accroît les pénuries et augmente les prix.
Toutefois, l’OCDE considère que les augmentations actuelles de l’inflation sont de nature temporaire, notamment en raison de l’absence générale d’augmentation des salaires mentionnée plus haut. - En définitive, la principale recommandation de l’OCDE est de maintenir un soutien budgétaire fort tant que l’incertitude liée à l’évolution de la pandémie reste élevée et que les marchés du travail ne se sont pas redressés.
- À moyen terme, l’OCDE encourage les gouvernements à réorienter les dépenses publiques vers des mesures favorables à la croissance, telles que l’investissement public, plutôt que de les réduire dans un contexte de taux d’intérêt faibles ou inférieurs à zéro, ce qui fait baisser le coût du service de la dette.
- Quant à la politique monétaire, en cohérence avec l’appel à un soutien budgétaire prolongé et à la prévision d’un pic d’inflation limité dans le temps, l’OCDE conseille de la maintenir accommodante, tout en établissant des messages clairs sur la stratégie de politique monétaire à moyen terme et les plans de normalisation.
Si les pressions inflationnistes ne sont peut-être que temporaires, il convient de noter qu’une hausse prolongée des anticipations d’inflation ne serait pas nécessairement une mauvaise nouvelle, mais contrasterait avec les tendances à long terme qui exercent une pression à la baisse sur les prix depuis des années, notamment le vieillissement de la population, le ralentissement des indicateurs démographiques dans les pays développés, l’automatisation et la croissance du chômage. Pendant des années, les banques centrales ont eu du mal à atteindre leurs objectifs d’inflation, tout en menant des politiques monétaires accommodantes pendant une bonne partie des 5 à 10 dernières années. Bien que l’OCDE note que l’inadéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre exerce une certaine pression sur les salaires dans certains secteurs de l’économie américaine, le risque à moyen terme, selon le TUAC, est tout à fait l’inverse pour la plupart des pays.
Une fois les programmes de maintien dans l’emploi supprimés, il est possible que le chômage, qui suit généralement les ralentissements économiques importants avec un décalage de deux à trois ans, augmente considérablement. Ce phénomène, à son tour, maintiendrait certainement les niveaux de salaire en stagnation, voire en baisse, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés, avec des conséquences négatives supplémentaires sur l’inégalité des revenus.
Par conséquent, tout plan de redressement structurel devrait également prévoir un renforcement des institutions du marché du travail, à la fois en inversant la tendance à une flexibilisation accrue du marché du travail et en renforçant les mécanismes de négociation collective, le dialogue social et le rôle des syndicats. Cela est important tant au niveau microéconomique, afin de réduire les inégalités salariales, qu’au niveau macroéconomique, pour stimuler la demande globale mais aussi pour relever les défis à long terme et pourtant imminents, tels que le changement climatique, grâce à des politiques efficaces de transition juste.