Mercredi 19 avril, l’OCDE publie le troisième volume des résultats de l’enquête PISA 2015. Ce volume se concentre sur les résultats du questionnaire destiné aux élèves qui accompagnait l’évaluation principale des élèves. Les principaux enseignements sont les suivants :
- La définition de la satisfaction de la vie de l’OCDE se concentre sur les capacités psychologiques, cognitives, sociales et physiques des étudiants. Le bien-être est défini comme la qualité de vie des étudiants de 15 ans (page 38).
- La perception qu’ont les élèves de l’évaluation comme plus ou moins menaçante détermine le degré d’anxiété qu’ils ressentent face aux tests (page 40).
- Selon le sexe, ce sont les filles qui sont les plus motivées pour réussir.
Les élèves défavorisés sont les moins motivés pour réussir.
Les élèves immigrés ont une plus grande motivation à réussir que les élèves non immigrés.
(Page 43) - En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 11 % des élèves ont déclaré avoir été victimes de brimades (page 45). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les garçons sont plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de brimades sous toutes les formes, à l’exception de la mise à l’écart délibérée et des rumeurs désagréables (page 137). (Page 137)
Les brimades peuvent à la fois découler du désengagement des élèves à l’égard de l’école et de l’insuffisance de leurs résultats, et les exacerber. (Page 139) - Les activités des parents qui se déroulent généralement à la maison ou dans le contexte familial, à savoir « discuter des résultats scolaires de mon enfant », « prendre le repas principal autour d’une table » et « passer du temps à parler avec mon enfant », sont toutes liées positivement aux résultats de l’enfant en sciences dans l’enquête PISA.
Le fait d' »aider mon enfant à faire ses devoirs » et d' »obtenir du matériel scientifique » sont négativement liés à ces performances.
(Page 159)
Les gouvernements peuvent offrir des incitations aux employeurs qui adoptent des politiques de conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée afin que les parents disposent du temps nécessaire pour répondre aux besoins de leurs enfants.
(Page 169) - Les élèves des écoles secondaires supérieures ont déclaré consacrer près d’une demi-journée de moins à l’éducation physique que les élèves des écoles secondaires inférieures.
(Page 51)
Les pays où les élèves pratiquent davantage d’activités physiques ont tendance à obtenir de meilleurs résultats dans l’enquête PISA.
(Page 192)
Les garçons sont plus nombreux que les filles à déclarer consacrer plus de temps à l’activité physique à l’intérieur et à l’extérieur de l’école.
Les élèves favorisés consacrent plus de temps à l’activité physique en dehors de l’école que les élèves défavorisés (page 52). - Trop d’étudiants passent trop de temps sur l’internet.
26% disent passer plus de six heures pendant les week-ends et 16% pendant les jours de semaine (page 57). Les élèves qui passent plus de six heures en ligne par jour de semaine en dehors de l’école sont plus susceptibles de déclarer qu’ils ne sont pas satisfaits de leur vie ou qu’ils se sentent seuls à l’école, et ils sont moins compétents en sciences que les élèves qui passent moins d’heures en ligne.
(Page 220) - Il n’y a pas de relation évidente entre la satisfaction des adolescents à l’égard de la vie et le PIB d’un pays ou d’une économie (contrairement à ce qui se passe pour les adultes) (page 70).
- En moyenne, 29% des filles et 39% des garçons sont très satisfaits de leur vie.
(72) - À l’exception d’un petit nombre de pays, dont la Finlande et les Pays-Bas, les étudiants des « pays peu performants » ont en moyenne tendance à se déclarer plus satisfaits de leur vie que les étudiants des « pays très performants ». (Page 73)
- La peur de faire des erreurs lors d’un examen perturbe souvent les performances des élèves les plus performants qui « s’étouffent sous la pression ». C’est au Royaume-Uni et en Islande que l’on trouve les niveaux les plus élevés d’anxiété liée au travail scolaire.
(Page 87) - Les élèves se disent plus anxieux s’ils fréquentent des écoles plus compétitives.
(Page 88) - Les élèves sont moins susceptibles de manifester de l’anxiété à l’égard des tests si les enseignants leur apportent une aide individuelle.
(page 99). - Les étudiants issus de milieux défavorisés ont beaucoup moins de chances d’obtenir un diplôme universitaire.
( Page 106) - La majorité des élèves ont le sentiment d’appartenir à leur communauté scolaire. Toutefois, dans plusieurs pays, le sentiment d’appartenance des élèves s’est affaibli depuis 2003. (Page 118). Dans les pays de l’OCDE, le sentiment d’appartenance des élèves s’est détérioré entre 2012 et 2015. (Page 119) Il existe un lien entre le sentiment d’appartenance à l’école et la réussite scolaire. La relation entre le sentiment d’appartenance à l’école et la performance dans l’enquête PISA est forte pour les élèves qui ont le moins de sentiment d’appartenance – par exemple, la réussite est affectée négativement par l’absence de sentiment d’appartenance (page 122). La faible satisfaction à l’égard de la vie est quatre fois plus élevée en Finlande, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Irlande si les élèves n’ont pas de sentiment d’appartenance. (page 124)
- La richesse familiale est plus fortement liée aux performances des élèves dans les pays où l’inégalité des revenus est relativement élevée que dans les pays où l’inégalité des revenus est relativement faible.
La satisfaction dans la vie est associée au statut relatif de l’élève à l’école, mesuré par la différence entre sa richesse et celle des autres élèves de l’école.
(Page 174) - Les élèves qui travaillent contre rémunération ont tendance à obtenir de moins bons résultats en sciences que ceux qui ne travaillent pas contre rémunération.
Les élèves défavorisés sont environ 6 points de pourcentage plus susceptibles de travailler contre rémunération que les élèves favorisés.
Les élèves qui travaillent contre rémunération sont plus susceptibles… de déclarer qu’ils se sentent étrangers à l’école, qu’ils ont moins d’attentes quant à la poursuite de leurs études, qu’ils arrivent en retard à l’école et qu’ils sèchent les cours.
(Page 212)
Les grands titres de la politique de l’OCDE.
(Pages 231-241)
- Identifier et partager les bonnes pratiques pour renforcer la motivation intrinsèque à réussir.
- Donner aux étudiants les moyens de prendre des décisions éclairées pour leurs études futures.
- Former efficacement les enseignants à la gestion de la classe et des relations interpersonnelles.
- Prévenir les brimades et apporter un soutien aux victimes, aux brimades et aux témoins.
- Encourager la participation des parents et supprimer les obstacles à la participation aux activités scolaires.
- Aborder l’impact des inégalités socio-économiques sur la perception qu’ont les élèves d’eux-mêmes et sur leurs aspirations pour l’avenir.
- Enseigner les avantages d’un mode de vie actif et sain par le biais de l’éducation physique et de l’éducation à la santé.
- Promouvoir une utilisation saine et productive de l’internet.
Commentaire
Le rapport PISA 2015 sur le bien-être des élèves contient des informations véritablement nouvelles. Le sentiment d’appartenance des élèves à l’école est d’une importance fondamentale pour leur réussite et leur bonheur. En fait, le concept d' »école heureuse » souligne l’importance des écoles et de leurs enseignants dans la vie des jeunes. Le rapport rejette implicitement mais fondamentalement l’idée que les écoles et les enseignants peuvent en quelque sorte être remplacés par les MOOC et l’apprentissage en dehors de l’école. Ce qui ressort également, c’est le lien entre la faible satisfaction dans la vie et les élèves socialement défavorisés, qui se sentent exclus de l’école. Même si l’OCDE ne trouve pas de lien automatique entre la faible satisfaction dans la vie et les niveaux de performance des pays, la triangulation empoisonnée entre le désavantage social des élèves, la faible satisfaction dans la vie et le sentiment d’exclusion explique pourquoi les écoles de certaines régions ont besoin d’un soutien financier et matériel supplémentaire. Les conclusions selon lesquelles les parents ont une responsabilité sociale massive dans l’engagement de leurs enfants ne sont pas surprenantes, mais elles soulignent la nécessité d’une politique sociale (également liée à la promotion d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée) parallèlement aux politiques scolaires pour apporter un soutien aux familles en situation de stress, y compris les familles qui connaissent le chômage. L’anxiété liée aux examens est clairement identifiée comme une nuisance à la réussite des élèves et constitue une critique claire des examens excessifs et inutiles. Des résultats tels que ceux concernant les brimades, les différences de satisfaction de vie entre les sexes et l’effet aliénant de l’utilisation excessive de l’internet sont des éléments importants. Toutefois, il convient de faire des mises en garde au sujet du rapport. L’enquête PISA 2015 n’a pas pris en compte les opinions des enseignants tirées du questionnaire PISA destiné aux enseignants. Les questionnaires destinés aux élèves et aux parents comprenaient des questions relatives au rôle social des parents, mais pas de questions sur les avantages/désavantages culturels vécus par les élèves à la maison. Contrairement aux idées qu’il contient, les propositions politiques du rapport constituent pour la plupart une simple liste de souhaits. Les propositions spécifiques, telles que la nécessité pour les gouvernements d’inciter les employeurs à améliorer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée des parents, sont minoritaires. Les imprécations selon lesquelles les enseignants doivent faire plus d’efforts ne constituent ni une stratégie ni une analyse. Le rapport ne contient rien sur l’impact préjudiciable des régimes d’évaluation agressifs sur les enseignants, ni sur les implications pour le programme d’études et la dotation en personnel de ses appels importants à améliorer le bien-être et l’appartenance des élèves à l’école. Toutefois, une chose ressort clairement du rapport. La nécessité d’une étude urgente sur le bien-être des enseignants et sa relation avec le bien-être des élèves est grandement renforcée par ces résultats.