Le rapport intérimaire de l’OCDE sur les perspectives économiques soutient le récent revirement de la politique monétaire et reconnaît qu’il existe une marge de manœuvre pour abaisser les taux d’intérêt. Dans le même temps, il invite les banques centrales à faire preuve de prudence et à évaluer soigneusement le calendrier et l’ampleur des réductions afin de contenir les pressions inflationnistes sous-jacentes, tout en appelant les gouvernements à prendre des mesures budgétaires décisives et à intensifier les efforts d’assainissement afin d’assurer la viabilité de la dette. Le TUAC avertit que, loin de restaurer la croissance, ces recommandations politiques sont susceptibles de déstabiliser l’économie et le marché du travail :
- Le relâchement de la restriction monétaire ne doit pas être confondu avec la stimulation monétaire.
L’OCDE compte sur une détente progressive des taux d’intérêt pour soutenir la croissance.
Cependant, une grande partie de la dette des entreprises et de la dette hypothécaire qui a été empruntée à des taux d’intérêt historiquement bas doit encore arriver à échéance et devra être refinancée dans un avenir proche – comme le reconnaît l’OCDE elle-même dans son analyse.
Même si les taux d’intérêt sont abaissés par rapport à leur pic de 2024, cela se traduira par des paiements d’intérêts plus élevés et une pression supplémentaire sur les finances des ménages et des entreprises, ce qui freinera encore la demande, l’investissement et la croissance. - Des réductions budgétaires alors que la restriction monétaire est toujours en vigueur nuiront à la performance économique. En appelant simultanément à l’intensification des efforts de consolidation budgétaire alors que les taux d’intérêt directeurs sont encore en territoire restrictif, l’OCDE promeut un mélange de politiques qui entravera la croissance et la reprise et pourrait faire entrer les économies en récession.
Ce risque existe surtout en Europe, où des réductions budgétaires de 0,75 à 1,2 % du PIB chaque année pendant les quatre prochaines années sont en préparation. - Les marchés du travail ne résistent pas éternellement. Lesfaiblesses des marchés du travail commencent déjà à se faire sentir, et un dosage restrictif des politiques macroéconomiques ne fera que les accentuer. Une fois que le chômage commence à augmenter sensiblement, il y a un risque qu’il se nourrisse de lui-même, car un taux de chômage plus élevé freine la demande, ce qui déclenche à son tour davantage de licenciements.
Le TUAC demande instamment à l’OCDE
- Insister sur la nécessité pour les banques centrales de ne pas « se laisser distancer ».
Les taux d’intérêt doivent être abaissés à un rythme suffisamment rapide pour éviter une détérioration de l’économie et du marché du travail.
A cet égard, l’OCDE devrait prendre note de l’engagement récent de la Réserve fédérale américaine de réduire plus fortement la politique de restriction en cas de faiblesse inattendue du marché du travail. - Plaider en faveur de règles budgétaires réalistes et intelligentes. Pour éviter de nuire aux performances économiques, les règles d’ajustement budgétaire doivent prendre en compte les effets négatifs de l’austérité sur la croissance et l’emploi.
Les règles budgétaires doivent également reconnaître les avantages à long terme de l’emprunt pour l’investissement et les effets de rétroaction positifs qui en résultent pour la viabilité des finances publiques.
Veronica Nilsson, secrétaire générale du TUAC, déclare :
"Reconnaître qu'il est possible d'abaisser les taux directeurs est un pas dans la bonne direction, mais l'OCDE minimise le risque que les banques centrales soient allées trop loin et trop vite en augmentant les taux d'intérêt dès le départ. Maintenant que l'inflation se rapproche de l'objectif, des mesures plus audacieuses sont nécessaires pour abaisser les taux directeurs afin d'éviter un affaiblissement de l'économie et du marché du travail".
Et conclut :
"Le retour à la consolidation fiscale et aux réformes structurelles promues par l'OCDE n'aidera pas les économies à se redresser, mais entravera plutôt la reprise et nuira aux travailleurs.