Le mouvement syndical s’inquiète depuis longtemps du déséquilibre de la mondialisation, qui favorise la libéralisation du commerce et des capitaux sans tenir compte d’aspects économiques et sociaux plus larges que la seule croissance du PIB.
La crise du COVID-19 a remis le rôle et l’impact du commerce et de l’investissement au centre des préoccupations politiques. La raison est double : premièrement, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont mis en évidence la fragilité, plutôt que l’efficacité, d’un système mondial fortement interconnecté, dans lequel les arrêts partiels de la production et la concentration des fournisseurs dans des segments et des régions spécifiques ont entraîné de graves défaillances de l’approvisionnement mondial. À ce jour, les embouteillages dans le secteur du transport maritime mondial continuent de poser des risques considérables pour les industries mondiales qui dépendent des composants finis et semi-finis en provenance de Chine. Deuxièmement, l ‘énorme tribut social payé par les travailleurs du monde entier, en termes d’emplois perdus et d’emplois précaires, a mis en évidence la précarité et la mauvaise qualité des emplois dans les pays membres et non membres de l’OCDE, où la politique commerciale joue un rôle important dans la définition de la nature et de la localisation des emplois dans le monde. Dès avant l’éclatement de la crise du COVID-19, une tendance émergente à la méfiance internationale à l’égard du multilatéralisme et de l’ouverture des marchés était perceptible, avec de nouvelles frictions entre les principaux acteurs mondiaux. Bien que ces positions aient été dictées par des gains politiques potentiels à court terme, un malaise sous-jacent est palpable. Parmi les raisons, le rôle de la redistribution inégale de la mondialisation doit être reconnu. La libéralisation des échanges et des investissements a, dans de nombreux cas, produit le contraire de la promesse d’une croissance plus forte et d’emplois plus sûrs : la concentration du pouvoir de marché, la dépendance à l’égard des fournisseurs et les goulets d’étranglement, mais aussi la réaffectation brutale des capacités de production, la concentration géographique des gains et des pertes, la concurrence féroce sur les coûts de la main-d’œuvre ont soumis les travailleurs des pays de l’OCDE à une pression croissante. La réponse à ce problème ne peut se résumer à l’abaissement de nouvelles barrières au commerce et à l’investissement, en prétendant que les forces du marché et la concurrence distribueront à elles seules le bien-être de la manière la plus efficace. La question fondamentale est de savoir comment les accords sur le commerce et l’investissement peuvent atténuer les risques et améliorer les opportunités du libre-échange pour les populations, tant du point de vue des consommateurs que des travailleurs. Depuis le début de la crise, l’OCDE a ouvertement rediscuté de son cadre d’action en matière de commerce et d’investissement. Pour contribuer à éclairer ce processus dans le cadre de l’OCDE, le TUAC a rédigé une note qui présente les principales questions syndicales relatives aux politiques durables et inclusives en matière de commerce et d’investissement. Ce sujet sera au centre de la réunion virtuelle ad hoc du TUAC sur les politiques de commerce et d’investissement – « Vers une cohérence mondiale et une résilience nationale » – le 29 septembre 2021. Plus d’informations et le lien d’inscription sur la page de l’événement.