L’OCDE a publié aujourd’hui un rapport sur la main-d’œuvre des soins de longue durée, qui met en évidence les bas salaires et les mauvaises conditions de travail, et formule un certain nombre de recommandations pour réduire les pénuries de personnel et le taux élevé de rotation du personnel dans le secteur. Le rapport « Au-delà des applaudissements » constate que dans les pays de l’OCDE
- Les travailleurs du secteur des soins ne gagnent que 70 % du salaire horaire national moyen.
Un quart des travailleurs des soins de longue durée gagnent moins de 54 % du salaire moyen.
En Lettonie, au Royaume-Uni, en Estonie, au Portugal, en Pologne et en Lituanie, le salaire du personnel soignant était inférieur à 60 % du salaire moyen en 2018. - Si l’on tient compte des facteurs susceptibles d’entraîner une baisse des salaires (éducation, ancienneté, nombre d’heures travaillées et sexe), les travailleurs du secteur des soins gagnent 12 à 16 % de moins que les travailleurs similaires.
- Les travailleuses du secteur sont payées 7 à 8 % de moins que leurs collègues masculins présentant des caractéristiques similaires.
- Les trois quarts des aides-soignants signalent des risques pour leur santé physique (charges lourdes, positions fatigantes et douloureuses), contre 59 % de l’ensemble des salariés.
Deux tiers des aides-soignants signalent des risques pour la santé mentale (charge de travail, pression temporelle, patients difficiles), contre 43 % de l’ensemble des salariés. - Plus d’un quart des travailleurs en SLD sont sous contrat à durée déterminée au Japon, en Pologne, en Espagne et en Suède.
Le rapport formule un certain nombre de recommandations utiles, notamment
- Augmenter les salaires, notamment en relevant le salaire minimum national (lorsqu’il existe) et/ou les salaires minimums sectoriels (l’OCDE cite l’Australie, l’Allemagne et la Lettonie qui l’ont fait récemment).
- Réduire la charge de travail (par exemple en augmentant le ratio personnel/client, comme l’a fait la Finlande cette année, en le faisant passer de 0,5 travailleur par client à 0,7).
- Financement public des soins de longue durée à condition que le personnel soit couvert par la négociation collective (l’OCDE cite l’Allemagne comme exemple).
- Les gouvernements doivent mettre en place un forum de dialogue social au niveau national afin de discuter des problèmes et de trouver des solutions communes.
- Soutenir la négociation collective et le dialogue social en encourageant l’affiliation syndicale par le biais de la politique fiscale (l’OCDE mentionne la Norvège, la Suède et la Finlande) et en étendant la négociation collective à tous les travailleurs du secteur des soins de longue durée (l’OCDE cite les exemples de la Belgique, de la France, de l’Italie, de l’Allemagne et de l’Australie).
"L'OCDE a rendu service à tout le monde en mettant en lumière les problèmes des soins de longue durée et en formulant des recommandations pour améliorer l'attrait du travail dans ce secteur. Ce rapport mérite que l'on s'y intéresse et que l'on prenne des mesures de suivi pour rééquilibrer le pouvoir de négociation des travailleurs dans presque tous les pays de l'OCDE.
« Prendre soin de nos proches ne doit pas se faire au rabais », déclare Veronica Nilsson, secrétaire générale par intérim du TUAC (la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE). « Malgré les applaudissements suscités par la pandémie de COVID, les soins de longue durée restent en crise, avec des salaires bas, de mauvaises conditions de travail, un taux de rotation élevé et une pénurie de personnel.
Note Voir le rapport de l’OCDE « Au-delà des applaudissements » ici