Le TUAC met sérieusement en doute l’analyse de l’OCDE dans ses dernières Perspectives économiques et rejette ses principales recommandations en matière de politique macroéconomique. Le TUAC est sceptique quant à l’hypothèse de l’OCDE selon laquelle l’économie mondiale et les marchés du travail sont suffisamment résistants pour supporter un retour à l’austérité budgétaire et à des réformes structurelles qui aggravent les inégalités. Cela intervient à un moment où les investissements des entreprises et les dépenses des ménages sont toujours limités par des taux d’intérêt élevés et l’incertitude économique. Le TUAC craint que l’OCDE ne se soit trompée dans ses recommandations, à savoir
(1) intensifier l’assainissement budgétaire et
(2) » améliorer le potentiel de croissance de l’économie » par des réformes structurelles ambitieuses, y compris un assouplissement de la protection de l’emploi. Le TUAC craint que la recommandation de l’OCDE d’intensifier le resserrement budgétaire, alors que la politique monétaire restrictive continue d’étouffer la demande, ne pousse l’inflation encore plus bas et en deçà de l’objectif. Cela pourrait faire retomber les économies dans le piège de la faible inflation de la décennie précédente, lorsque les économies étaient aux prises avec une inflation nulle et le danger de tomber dans la déflation, et avec une politique monétaire incapable de stimuler l’activité économique.
"Au lieu de s'assurer contre d'éventuels chocs inflationnistes en refroidissant l'économie, l'OCDE devrait conseiller aux décideurs politiques de réduire les taux d'intérêt davantage et plus rapidement avant que les marchés du travail ne s'affaiblissent et ne déclenchent une spirale de restructuration de l'emploi créant une demande plus faible et encore plus de destructions d'emplois".
De plus, les réformes qui rendent les marchés du travail plus « flexibles » sont susceptibles d’augmenter le chômage et de supprimer les salaires, ce qui ne manquera pas de renforcer des inégalités déjà très élevées. Des travaux antérieurs de l’OCDE montrent clairement que la réduction de la protection de l’emploi accroît les inégalités en affaiblissant la position de négociation des travailleurs peu qualifiés et en faisant baisser le revenu disponible des ménages pauvres et de la classe moyenne inférieure. L’inégalité engendre à son tour l’instabilité économique et affaiblit la confiance dans la démocratie.
"L'OCDE devrait s'inquiéter des guerres tarifaires qui étouffent les exportations et la demande intérieure, des réductions d'impôts pour les riches qui déclenchent un nouveau cycle de restrictions monétaires et des inégalités qui alimentent la polarisation politique. La réponse à ces problèmes n'est pas l'austérité ni une plus grande flexibilité du marché du travail. La solution est l'investissement public dans une économie plus forte et plus durable pour sortir de l'endettement".
Sur une note positive, les perspectives économiques soulignent l’importance de la qualité des emplois pour accroître la participation au marché du travail et remédier aux pénuries de main-d’œuvre, un problème qui ne fera que s’aggraver en raison du vieillissement de la main-d’œuvre. Les secteurs les plus touchés par les pénuries de main-d’œuvre sont aussi ceux où les salaires sont bas et les conditions de travail médiocres (agriculture, hébergement, construction, santé et action sociale, transports et entreposage). Le pouvoir des employeurs de fixer les salaires est l’une des forces qui maintiennent les salaires à un niveau bas malgré les pénuries de main-d’œuvre et les faibles taux de chômage. S’appuyant sur les Perspectives de l’emploi de 2022, les Perspectives économiques suggèrent que des syndicats plus forts et davantage de négociations collectives contrebalancent le pouvoir que les employeurs détiennent sur les salaires, garantissant ainsi de meilleurs salaires et des bénéfices excédentaires moins élevés. L’OCDE recommande « des politiques visant à renforcer l’égalité des chances économiques, notamment pour les femmes, les travailleurs âgés et les migrants, et à promouvoir le dialogue social sur les rémunérations, l’accès à la protection sociale et les conditions de travail ».
"L'OCDE reconnaît ainsi que les pénuries de main-d'œuvre ne sont pas nécessairement dues à un manque de travailleurs ou de compétences, mais à l'absence de négociation collective, qui permet aux employeurs d'offrir des salaires bas et de mauvaises conditions de travail.