L’OCDE publie aujourd’hui ses Perspectives de l’éducation numérique 2023. Ces Perspectives font la part belle aux opportunités potentielles offertes par les technologies numériques (sur lesquelles on dispose actuellement de très peu d’éléments), mais elles identifient également certains risques majeurs :
- Accroissement des inégalités et de la fracture numérique.
Une connectivité fiable, une connexion Internet de haute qualité et l’accès aux outils numériques sont essentiels pour que les élèves puissent bénéficier des outils numériques dans l’éducation.
Cependant, les données de l’OCDE montrent que cela reste un défi pour la plupart des pays de l’OCDE, tout comme les inégalités dans les compétences numériques des enseignants au sein des pays.
Seuls 56 % des enseignants du premier cycle de l’enseignement secondaire ont reçu une formation préalable à l’utilisation des TIC pour l’enseignement dans le cadre de l’enquête TALIS 2018. - Des préjugés nouveaux ou amplifiés.
Bien qu’il ait été démontré que les décisions algorithmiques pouvaient être biaisées dans d’autres secteurs (tels que la finance et la justice), l’OCDE constate qu’il n’existe actuellement aucune réglementation ou ligne directrice concernant l’utilisation d’algorithmes ou de décisions automatisées dans le domaine de l’éducation. - Vie privée et protection des données.
L’utilisation d’outils numériques dans l’éducation a augmenté la quantité de données collectées auprès des enseignants et des élèves.
Les fournisseurs privés de technologies et de services collectent et gèrent également des quantités croissantes d’informations pour le compte des écoles.
Tout cela suscite des inquiétudes quant à l’utilisation inappropriée des informations personnelles ou aux atteintes à la vie privée. - La performance des outils numériques n’est pas parfaite, et ils peuvent commettre des erreurs dans les conseils ou les recommandations qu’ils fournissent aux élèves, aux enseignants et aux parents.
La recherche montre qu’un nombre important de systèmes d’alerte précoce – qui sont utilisés pour prédire les étudiants qui risquent de décrocher – reposent sur des prédicteurs qui ne valent pas mieux qu’une supposition aléatoire.
Les conséquences de ces erreurs peuvent être graves pour l’apprenant.
L’OCDE souligne l’importance de comprendre les limites des outils numériques.
Les perspectives soulignent que les technologies numériques dans l’éducation ne sont « ni une panacée ni un poison », mais plutôt un outil qui peut contribuer à faire progresser les objectifs éducatifs. Pour que la technologie serve cet objectif, il faut une réglementation (afin d’atténuer les risques potentiels) et des mesures visant à doter les enseignants des compétences nécessaires. Les perspectives soulignent également l’importance d’une collaboration multipartite dans la cocréation d’outils d’apprentissage numériques. Une plus grande attention aurait pu être accordée à la nécessité de travailler avec les syndicats de l’éducation pour façonner la mise en œuvre et la gouvernance des outils numériques. Le TUAC encourage l’OCDE à accorder une plus grande reconnaissance au dialogue social et à la négociation collective dans ses futurs travaux sur la numérisation de l’éducation.
"Pour que la numérisation de l'éducation profite à tous les apprenants et améliore l'équité, les travailleurs de l'éducation et les syndicats doivent avoir leur mot à dire dans son développement et sa mise en œuvre par le biais du dialogue social"
"Soutenir et équiper les enseignants est essentiel pour récolter les bénéfices des outils numériques dans l'éducation. Le rôle central des enseignants doit être reconnu, respecté et promu tout au long de la transition numérique.
