Le TUAC est solidaire des syndicats colombiens et des forces démocratiques de la société civile en réaction à la récente répression violente des autorités colombiennes contre l’opposition de masse et les manifestations contre un projet de réforme fiscale. Selon la CSI, plus de 1 089 cas de violence ont été signalés, dont 726 détentions arbitraires, 28 décès, 6 femmes violées par les soldats de l’ESMAD (l’escouade antiémeute colombienne), 234 personnes blessées et 5 manifestants disparus. Pour l’OCDE, la situation déplorable en Colombie a une résonance particulière. Après un processus d’adhésion long, compliqué et controversé remontant à 2013, la Colombie est officiellement devenue membre de l’OCDE en avril 2020. Un an après son adhésion à l’OCDE, la Colombie rend compte de la mise en œuvre des instruments juridiques et des recommandations de l’OCDE. Le processus d’adhésion de la Colombie a été marqué par de graves controverses concernant l’État de droit, le travail et les droits de l’homme. Un an après son adhésion à l’OCDE, la Colombie reste l’un des pays les plus dangereux pour les syndicalistes et les travailleurs, avec de graves préoccupations concernant l’État de droit, l’accès au système judiciaire et son efficacité. En adhérant à l’OCDE, la Colombie s’est engagée à respecter les valeurs fondamentales de l’organisation. Celles-ci comprennent une économie de marché viable, mais aussi, et ce n’est pas moins important, l’État de droit, la démocratie avec un système judiciaire efficace et indépendant, et le plein respect des droits de l’homme, y compris des normes fondamentales du travail. Conformément au cycle de rapport stipulé dans l’accord d’adhésion, la Colombie présentera son premier rapport annuel de progrès au comité de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE le 12 mai. Dans ce rapport, la Colombie rendra compte des actions menées dans quatre domaines :
- L’informalité du travail et la sous-traitance ;
- Application du droit du travail ;
- Négociations collectives ;
- Crimes contre les syndicalistes.
Les autorités colombiennes ont publié leur rapport d’avancement dès février 2021. Le rapport affirme que, dans l’ensemble, le gouvernement est en bonne voie pour remplir ses obligations. Il souligne notamment les efforts déployés pour lutter contre l’informalité, l’application de la législation du travail et le renforcement de l’utilisation des conventions collectives. Le rapport fait également état de « progrès importants dans la lutte contre l’impunité ». Depuis l’adhésion de la Colombie en avril 2020, les centrales syndicales colombiennes et le mouvement syndical dans son ensemble ont surveillé la situation en Colombie et assuré le suivi des engagements internationaux du gouvernement en matière de travail. Dans ce suivi, les syndicats n’ont pas été en mesure de confirmer le ton globalement positif rapporté par les autorités colombiennes. Au contraire. Le mouvement syndical a trouvé non seulement des exemples de non-conformité, mais même de sérieux reculs, notamment :
- Aggravation de l’informalité du travail, poursuite de la sous-traitance et réforme du travail de facto légalisant l’informalité et rendant l’emploi encore plus précaire (faux plancher de protection sociale, par le décret 1174 de 2020).
- Faiblesse persistante dans l’application du droit du travail, avec des réformes sur le papier suivies d’une diminution dans la pratique des inspections du travail.
- La législation et les pratiques continuent d’entraver les négociations collectives
- Résurgence de la violence antisyndicale, maintien d’une grande impunité dans la criminalisation des crimes antisyndicaux et augmentation des meurtres et des menaces à l’encontre des syndicalistes.
Le TUAC exprime sa solidarité avec le mouvement syndical colombien et continuera à surveiller la mise en œuvre du cadre de suivi post-adhésion convenu. La situation des droits du travail et la sécurité des syndicalistes devraient être au centre de ce cadre. Le TUAC appelle l’OCDE et les autorités colombiennes à respecter pleinement le cadre, tant sur le fond que sur la forme, et à associer les partenaires sociaux à ces efforts par le biais du dialogue social.
Dans les futurs processus d’adhésion, l’OCDE devrait accorder une plus grande priorité aux questions relatives à l’État de droit et au respect des droits de l’homme. Il s’agit notamment d’introduire des critères relatifs aux droits des travailleurs dans le processus d’évaluation de la préadhésion et de permettre la prise en compte, à un stade précoce, des informations fournies par les syndicats, les autres organisations de la société civile des pays candidats et le TUAC.