La classe moyenne est sous pression – les revenus des ménages sont à la traîne par rapport à l’augmentation du coût de la vie depuis trois décennies. Un nouveau rapport de l’OCDE[1] met l’accent sur la diminution de la classe moyenne et ses conséquences pour l’économie dans son ensemble. Un changement de gravité économique qui appelle à un recours accru aux conventions collectives et à une attitude ferme face aux incertitudes croissantes du marché du travail. Dans un nouveau rapport publié le mercredi 10 avril 2019, l’OCDE se penche sur l’état de la classe moyenne dans nos économies, constatant que les familles à revenu moyen ont été soumises à une pression croissante au cours des trois dernières décennies. Le rapport constate que la génération actuelle d’enfants de la classe moyenne a moins de chances d’atteindre le même niveau de vie que ses parents, malgré le fait qu’elle soit la génération la plus éduquée de l’histoire. La raison en est claire. Pendant des décennies, la croissance des revenus de la classe moyenne a été inférieure à l’augmentation des dépenses de logement, d’éducation et de soins de santé, combinée à des incertitudes accrues sur le marché du travail. Une observation frappante du rapport est que, dans l’ensemble de l’OCDE, un ménage à revenu moyen sur deux déclare avoir des difficultés à joindre les deux bouts. Ce ratio passe à deux sur trois si l’on considère les pays d’Europe du Sud et de l’Est. Le secrétaire général du TUAC, Pierre Habbard, n’est pas surpris : « Le rapport confirme ce que les syndicats disent depuis des années. La classe moyenne est sous pression et beaucoup ont été laissés pour compte. Il est urgent de renforcer la négociation collective et de s’attaquer aux incertitudes croissantes du marché du travail et à l’exploitation des travailleurs précaires ». Le TUAC est d’accord avec de nombreuses observations faites dans le rapport et apprécie que l’OCDE reconnaisse explicitement dans le rapport que la flexibilité du marché du travail en particulier, sous la forme d’un accès réduit à des emplois stables, est un facteur clé pour expliquer pourquoi il est devenu plus difficile pour les jeunes générations d’accéder à la classe moyenne. Toutefois, il est regrettable que l’OCDE n’aille pas jusqu’au bout et ne signale pas clairement le rôle important de la négociation collective, des syndicats et du dialogue social dans le renforcement de la position de la classe moyenne. De même, il n’y a pas de référence claire au fait que les planchers salariaux sous la forme de salaires minimums ou de salaires négociés collectivement sont indispensables pour empêcher les employeurs de s’emparer d’une partie des avantages liés au travail. La classe moyenne a été pendant des décennies le centre de gravité économique – le moteur de la croissance. Le nouveau rapport de l’OCDE pourrait indiquer qu’un changement de gravité économique est en cours. « Si nous n’agissons pas maintenant, en nous attaquant à des problèmes tels que les incertitudes du marché du travail, le recours excessif au travail précaire et si nous ne renforçons pas la négociation collective, tous les rêves de croissance inclusive à long terme et de transition juste risquent de s’évanouir comme la classe moyenne elle-même. Cela devrait être un signal d’alarme pour tous », déclare Pierre Habbard.
Lien vers le rapport de l’OCDE : [1] Under Pressure : The Squeezed Middle Class Pour plus d’informations, veuillez trouver l’analyse du rapport par le TUAC ici.