Le TUAC a publié aujourd’hui un nouveau document qui met en garde contre les inégalités croissantes qui sapent activement la croissance économique dans les pays de l’OCDE, tout en proposant un renforcement de la négociation collective en tant qu’outil essentiel pour combler l’écart entre la productivité et les salaires et construire des économies plus durables.
Le document, intitulé « Growth for whom ? Addressing income inequality and the role of collective bargaining », montre qu’en dépit d’une prise de conscience accrue à la suite de la crise financière mondiale de 2008, les réponses politiques ont été insuffisantes pour inverser l’augmentation à long terme de l’inégalité qui a commencé dans les années 1980.
Le TUAC souligne l’écart alarmant entre la productivité et la croissance des salaires, la productivité du travail ayant augmenté de 28 % au cours des deux dernières décennies alors que les salaires médians réels n’ont progressé que de 8 %. Ce décalage représente un transfert annuel estimé à 2,4 billions de dollars du travail vers le capital – soit l’équivalent du PIB total de l’Espagne – au détriment des travailleurs chaque année.
L’impact sur la croissance économique est considérable. Le nouveau document rappelle les conclusions de l’OCDE selon lesquelles l’augmentation des inégalités a réduit la croissance économique de 4,7 % entre 1990 et 2010. Au-delà du simple ralentissement de la croissance, les inégalités créent une instabilité économique et entravent la reprise après les chocs financiers.
Les fortes inégalités ne sont pas inévitables, ni le résultat de marchés efficaces récompensant ceux qui travaillent dur. Elles sont plutôt le résultat de politiques qui permettent à des acteurs puissants d'accumuler des richesses plutôt que de contribuer à la croissance économique.
Ce document examine l’évolution des recommandations de l’OCDE en matière de réformes structurelles et de politique du marché du travail. Il reconnaît certains développements positifs au fil des ans, mais note les limites à surmonter les vieux concepts de flexibilité du marché du travail et d’économie de l’offre. Il affirme qu’une croissance économique durable nécessite une forte demande des consommateurs, qui dépend de politiques soutenant des revenus adéquats pour les ménages.
La recherche identifie la négociation collective comme étant cruciale pour aborder ces questions, les données de l’OCDE montrant qu’une négociation plus centralisée au niveau sectoriel est en corrélation avec une inégalité salariale plus faible et un taux d’emploi plus élevé.
L’analyse s’appuie sur la position de longue date du TUAC selon laquelle la lutte contre les inégalités nécessite une réglementation plus stricte du marché du travail et des politiques macroéconomiques qui stimulent la demande et garantissent un partage équitable des gains de productivité entre le capital et le travail, et pas seulement un accès égal à l’éducation et des mesures antidiscriminatoires.
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Crédit photo : Marcel Crozet / OIT
