Pour la première fois de son histoire, l’OCDE a organisé une conférence de deux jours sur la justice environnementale et a publié un rapport sur le sujet à la fin du mois de mai – un événement que le TUAC appelle de ses vœux depuis longtemps. La justice environnementale est une question qui gagne du terrain au niveau mondial, alors que la triple crise planétaire – à savoir le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution – s’accélère. La lutte contre les inégalités économiques, sociales et environnementales n’est pas seulement essentielle pour garantir les droits de l’homme ; elle est également nécessaire pour assurer le soutien du public à une action climatique plus audacieuse. Bien qu’il n’existe pas de définition universellement reconnue de la justice environnementale, les recherches de l’OCDE montrent que ce concept existe déjà dans de nombreux pays à travers le monde. De nombreuses communautés et groupes différents se trouvent confrontés à une exposition disproportionnée aux risques environnementaux ou ont un accès inégal aux équipements environnementaux. Ils s’inquiètent également des inégalités potentielles qui pourraient résulter des politiques environnementales. L’atténuation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre auront sans aucun doute de graves répercussions économiques et sociales, affectant les travailleurs de secteurs clés tels que l’énergie, l’industrie, la fabrication, les transports et l’agriculture. Ces craintes sont encore exacerbées par l’absence d’engagement significatif des gouvernements auprès des groupes qui seront les plus durement touchés. Lors de la conférence de l’OCDE, qui a réuni des experts, des membres de l’OCDE, des organisations de la société civile et d’autres parties prenantes, les participants ont discuté de la manière dont la justice environnementale, la justice climatique, le racisme environnemental et la justice sociale se rejoignent. Le TUAC a souligné à quel point il sera essentiel d’assurer une « transition juste » lorsque les pays passeront à des économies à faibles émissions de carbone, conformément à l’Accord de Paris et aux lignes directrices tripartites de l’OIT de 2015. Ce point a également été repris dans le rapport de l’OCDE, qui a mis en évidence les liens clairs et directs entre la justice sociale, la protection des droits et des moyens de subsistance des travailleurs et la justice environnementale. Plusieurs gouvernements et experts ont exprimé leur soutien à cette approche. Toutefois, la discussion a également révélé qu’il existe des écarts importants dans la manière dont la justice environnementale est mise en œuvre dans les différents pays. En effet, il existe des désaccords même dans la façon dont les termes « justice environnementale », « justice climatique » et « transition juste » sont définis et utilisés dans les discussions politiques. Il existe déjà une définition internationalement reconnue de la « transition juste », et le débat a souligné la nécessité de continuer à promouvoir sa pleine intégration dans l’élaboration et la planification des politiques nationales. Pour parvenir à une véritable justice environnementale, les gouvernements doivent mettre en œuvre des politiques progressistes afin de réduire les inégalités. Il est indispensable de créer des emplois verts et de bonne qualité, d’investir dans la protection sociale, de promouvoir une fiscalité progressive et d’introduire d’autres programmes de redistribution. Il est tout aussi essentiel de renforcer le dialogue social et de défendre les droits fondamentaux que sont la liberté d’association et la négociation collective. En partageant les différentes approches adoptées par les membres de l’OCDE, la conférence a également mis en évidence la nécessité d’une plus grande convergence et d’une orientation de l’OCDE dans ce domaine, en soulignant certains des piliers clés sur lesquels la justice environnementale devrait être fondée :
- La justice distributive, c’est-à-dire la garantie que les coûts et les bénéfices de la transition sont partagés équitablement.
Les effets distributifs des politiques sur les groupes et les régions les plus vulnérables, tels que les groupes à faibles revenus, les minorités, etc. doivent également être pris en compte. - La justice réparatrice, qui offrira aux groupes une réparation et une compensation adéquates pour les risques environnementaux et les inégalités qu’ils ont déjà subis.
- La justice procédurale, qui garantirait l’accès à la justice et à d’autres voies de recours.
Il est important qu’elle garantisse également la participation et la représentation dans les processus de délibération, en particulier par le biais de la négociation collective et du dialogue social. - Justice de reconnaissance : favoriser la cohésion sociale en reconnaissant publiquement les inégalités passées et présentes.
Le TUAC continuera à mettre en avant le point de vue des travailleurs dans ce domaine, en particulier avant les prochaines Perspectives de l’environnement de l’OCDE et la Réunion ministérielle de l’OCDE sur les politiques de l’environnement, provisoirement prévues pour 2026.